Vers la fin des
cadres « à la française » ?
(Le Monde
Economie, p5, 14/12/2004)
L’Apec
a réalisé une étude – encore confidentielle –
sur l’avenir des cadres. Baptisée «Mondialisation, quels
impacts sur l’emploi cadre ?», elle va à contre courant de
tous les scénarios préconçus. Elle débute par un
constat : la massification de l’accès aux études supérieures,
la modernisation de l’appareil productif, la nécessité d’innover…
tout ceci s’est traduit ces 20 dernières années par une
progression des qualifications. Rançon de ce progrès, la délocalisation
vers les pays en voie de développement des emplois peu qualifiés
était vue comme une évidence. Seulement, la délocalisation
ne concerne pas que les emplois faiblement qualifiés : de plus en plus
d’entreprises dont le siège social est en France recrutent des
cadres étrangers, ou implantent des centres de recherche ou de ressource
à l’étranger, plus proches des marchés prometteurs.
Et une partie de ces implantations recrutent des cadres sur place plutôt
que d’expatrier des cadres à partir de leurs pays d’origine.
Ainsi se constitue peu à peu une population de managers «mondialisés»,
venus de tous les pays d’implantation, «devant laquelle le statut
de cadre à la française, son système de protection sociale
et de représentation symbolique, s’efface progressivement»,
relate Le Monde Economie. L’Apec envisage deux scénari. Dans le
cas où seules les entreprises déjà fortement internationalisées
adopteraient cette nouvelle tendance, l’emploi cadre devrait continuer
à progresser au même rythme que ces vingt dernières années.
Le nombre d’emplois de cadres atteindrait 3,3 millions en 2010, soit 12%
de plus qu’en 2003. Mais si la tendance à l’internationalisation
se généralisait, l’emploi cadre devrait diminuer de 2%,
stagnant à 2,96 millions.